Aller au contenu principal

Une conversation intergénérationnelle entre Lewis, Jacquelyn et Hunter Cardinal

Datum
Une conversation intergénérationnelle entre Lewis, Jacquelyn et Hunter Cardinal

COMPTE RENDU d’Amelia Bonenfant, coordonnatrice des communications, Initiatives et Changement Canada

Les cercles sur une vision du monde autochtone ont tenu sept séances jusqu’à présent. Dans le cadre d’une nouvelle série, nous souhaitons regarder vers l’avenir, car cette année, I&C Canada veut bâtir des ponts entre les générations. Le développement de relations et la collaboration entre générations chez les Autochtones revêtent de nombreuses formes, selon Lewis Cardinal, sa fille, Jacquelyn, et son fils, Hunter. Ceux-ci étaient nos conférenciers lors de l’événement du 25 janvier 2023. Il faut poser certains gestes pour entretenir des relations entre anciens et jeunes, de sorte qu’ils apprennent les uns des autres. Ils nous ont dit que raconter des histoires est un bon remède; quand nous les relatons, nous en apprenons plus les uns au sujet des autres. Or, voilà la première étape à franchir pour bâtir des ponts qui comblent des fossés. Pour décoloniser, nous devons surtout bâtir des relations intergénérationnelles et permettre aux gens de se réunir et d’être entendus.

Que doivent éviter de faire les Autochtones et les non-Autochtones en vue de nourrir des relations intergénérationnelles?

Les Cardinal nous ont dit qu’il faut cesser de créer une hiérarchie du savoir. Père, fille et fils ont discuté ouvertement de l’idée préconçue selon laquelle ce sont toujours les jeunes qui doivent apprendre des anciens. Le message positif suivant en est ressorti : chacun détient un fragment de connaissance, une petite pièce qui est précieuse pour l’ensemble du casse-tête. Nous devons reconnaître que tous ont quelque chose à dire et que, si nous souhaitons décoloniser l’écoute, nous devons veiller à ce que les jeunes sentent qu’ils peuvent parler de leurs expériences et être entendus. Quand ces derniers ne peuvent partager leur savoir, tous sont perdants. Nous devons donc affiner notre écoute, influencée par la colonisation.

Lewis et d’autres croient que la connaissance elle-même a un esprit et que le messager du savoir importe peu. Si nous voulons bâtir des relations intergénérationnelles, nous devons accorder aux jeunes la liberté d’exprimer leur savoir et de faire part de leurs dons particuliers pour présenter leurs remèdes au monde. La hiérarchie du savoir dans nos systèmes continue d’en entraver la transmission de la part des jeunes.

Le message de Lewis, de Jacquelyn et de Hunter s’est avéré révélateur pour tous. Les jeunes de toutes les générations ont un rôle clé à jouer dans la transmission du savoir en raison de leur réalité et de leur vécu. Jacquelyn a mentionné qu’il lui semblait « parfois que chaque Autochtone avait grandi dans un pays différent ». Jeunes et anciens sont souvent assis en face du même cercle, bien qu’ils aient beaucoup à apprendre les uns des autres, car leurs perspectives et leurs expériences sont particulières à eux.

Quelques exemples de création de relations entre générations :

Les Cardinal ont affirmé que l’humour constitue un bon point de départ. Nous devons faire appel à notre humanité, à notre sens de l’humour et à nos émotions quand nous abordons des sujets délicats et importants. Toujours garder son sérieux en discutant de nos ancêtres ou du passé nous divise au lieu de nous unir. Selon Hunter, « l’humour crée un sentiment d’appartenance plutôt que d’imposer un fardeau lié au passé ». Les Cardinal pensent d’ailleurs qu’il s’agit là d’un élément clé pour bâtir la confiance, décoloniser les réunions, parler et écouter. Lewis est d’avis que « les connexions sont à l’opposé de la colonisation ». Par conséquent, pour que des gens se sentent à l’aise de s’ouvrir, il est crucial qu’ils participent à des activités communautaires où tous se sentent acceptés et permettent à leur humanité de se manifester. C’est là où l’on guérit de la colonisation et où de solides relations intergénérationnelles se forment.

En continuant de travailler à notre propre décolonisation, nous devons raconter des histoires aux jeunes « non pour les endormir, mais pour les réveiller ». Jacquelyn croit qu’il faut se placer dans le contexte de sept générations. Nous avons recueilli le bagage des sept générations nous précédant et des décisions qu’elles ont prises en pensant à nous. Cette idée peut nous motiver à faire de bons changements qui profiteront aux sept prochaines générations. En réfléchissant aux soins que les générations précédentes nous ont apportés sans même nous connaître, nous pouvons rêver des générations à venir et bâtir de meilleures relations en vue de l’avenir.